Nous gardons toutes et tous en mémoire le souvenir des inondations dramatiques d’octobre 2000. Le Rhône inondait alors 1000 hectares, tuait une quinzaine de personnes et causait des dégâts pour un demi-milliard de francs.

Aujourd’hui, pour les inondations qui ont transformé la Suisse allemande en Venise du nord, on parle déjà de plus de 2 milliards de francs de dégâts. Pour le Valais, les experts ont estimé que les dégâts potentiels causés par le Rhône dans la plaine pouvaient atteindre 10 milliards !! Voilà le prix que notre génération et les générations futures devront payer pour les excès commis sans aucun égard pour notre environnement. Hier, il fallait maximaliser les profits (privés). Aujourd’hui, il faudra en éponger les coûts externes par des fonds publics.

Un milliard. C’est le coût projeté de la 3ème correction du Rhône qui s’étalera sur une trentaine d’années. L’objectif est ambitieux puisqu’il promet de réconcilier environnement, économie et sécurité : schématiquement, il s’agit de sécuriser la plaine du Rhône en redonnant plus d’espace au fleuve. Les événements du week-end précédent nous ont permis d’entendre à la télévision plusieurs experts qui ont loué le projet de 3ème correction du Rhône, le présentant comme la voie à suivre. Le Conseiller fédéral Moritz Leunberger n’a pas dit autre chose en insistant sur l’importance des mesures préventives. Espérons que les communes valaisannes ne perdront pas de vue les enjeux à long terme et qu’elles réserveront un bon accueil au projet de plan sectoriel « 3ème correction du Rhône » mis en consultation cet été par le Conseil d’Etat. La partie n’est de loin pas gagnée, car les intérêts particuliers ne manqueront pas de se manifester, avec le risque de vider le projet de toute sa substance.

Pour garantir la réussite de ce projet, il faudra donc une bonne dose de courage politique afin de distraire les intérêts particuliers des intérêts publics prépondérants.

Jean-Pascal Fournier, Conseiller communal, Sion