La première est liée à son rôle dans les différentes affaires qui le concernent (Giroud, RSV, Cleusix). Si certains points concernant son implication réelle ne sont toujours pas éclaircis (affaire Giroud), il reste que les éléments qui ont pu être documentés montrent de sa part des décisions inadaptées à répétition comme le souligne de manière crue le rapport de la Commission d’enquête parlementaire (CEP) sur le RSV. Ainsi qu’une absence marquée d’éthique :

  • M Tornay a demandé, et obtenu, pour son client D. Giroud une diminution de son revenu imposable lors d’une taxation d’office alors qu’il avait rempli une déclaration provisoire avec des montants bien supérieurs ;
  • M. Tornay a conseillé à son « cher Dominique » de faire apparaître les bénéfices de ses sociétés non pas là où ils sont réalisés et doivent être taxés, mais là où la fiscalité est plus clémente ;
  • M. Tornay n’a pas mentionné ses liens d’intérêts actuels, lui qui est toujours actionnaire de son ancienne fiduciaire alors même qu’il est ministre des finances ;
  • M. Tornay a affirmé qu’il avait appris toute l’affaire Giroud par les médias alors qu’il était au courant de l’enquête fiscale menée par la Confédération… Il y a plus d’une année les Verts valaisans avaient en conséquence déjà affirmé dans un communiqué de presse que la confiance était rompue et demandé à M. Tornay de prendre ses responsabilités. Depuis lors les rapports tant de la COGEST sur l’affaire Giroud que de la CEP sur le RSV n’ont fait que conforter cette prise de position.

La deuxième raison concerne la réforme des institutions dont est en charge M. Tornay en tant que ministre de tutelle. Que reste-t-il des propositions faites par la commission présidée par Thomas Burgener pour dépoussiérer notre constitution et faire entrer le Valais dans le 21ème siècle ?

Pas grand-chose… certes une réforme des règles électorales mais de toute façon rendue obligatoire par le jugement du TF qui exige du canton qu’il modifie le système actuel, et en veillant bien sûr à garantir la représentation des petits districts. Cette « réformette » de la Constitution cantonale sera soumise au peuple le 14 juin prochain mais curieusement pas en même temps que l’initiative « chaque voix compte » qui porte pourtant elle aussi sur le système électoral.

Argument avancé par M. Tornay : le Grand Conseil ne s’est pas prononcé sur l’acceptation ou le refus de l’initiative, ce qui est… faux ! En date du 12 septembre 2013 le Grand Conseil valaisan a adopté une décision où il déclare recevable l’initiative tout en recommandant son rejet par 84 voix contre 37.

Amateurisme ou stratégie délibérée d’ignorer une décision du Grand Conseil afin de faire passer en force la solution que M. Tornay préfère, toujours est-il que le peuple pourrait ainsi dire oui le 14 juin au système électoral proposé et dans quelques mois dire oui aussi à l’initiative « chaque voix compte » portant sur un système électoral différent ! Bel imbroglio en perspective qui aurait pu être invité si l’on avait simplement demandé aux Valaisannes et Valaisans de choisir entre les deux systèmes. R21, un dossier crucial pour l’avenir du fonctionnement institutionnel du canton où M. Tornay s’évertue à ce que les choses changent le moins possible…

Troisièmement, M. Tornay porte une grande part de responsabilité dans la situation difficile des finances publiques du canton. C’est lui comme député qui a poussé à l’adoption d’un double frein à l’endettement trop rigide, c’est lui qui une fois ministre des finances a poursuivi la politique des baisses fiscales mise en place par son prédécesseur Jean-René Fournier, c’est lui qui vient de proposer par décret une amnistie fiscale faisant la part belle aux fraudeurs, amnistie qui ne sera pas applicable car jugée illégale par le TF la semaine dernière, c’est lui encore qui refuse d’envisager l’engagement de taxateurs supplémentaires pour simplement faire rentrer l’impôt dû… En plus du cumul des affaires, M. Tornay a montré son incompétence dans le domaine où il était censé être le plus fort, les finances publiques. Dès lors comment imaginer un seul instant qu’il puisse être capable de redresser les finances cantonales ?

Mais il est vain aujourd’hui de se tourner vers M. Tornay pour lui demander une nouvelle fois de « prendre ses responsabilités ». Pour un homme qui parle de lui à la 3ème personne du singulier une démission n’est simplement pas envisageable. C’est donc aux membres de son parti qu’il faut poser la question suivante : considérez-vous que M. Tornay bénéficie toujours de la confiance de la population valaisanne et qu’il est l’homme de la situation pour rétablir les finances cantonales et mener à bien la réforme des institutions ?