Oui à un décret qui est un mal nécessaire dans le carcan trop étroit du double frein

Il faut assouplir le frein à l’endettement : si les Verts souscrivent à l’objectif de l’équilibre budgétaire, les Verts ont aussi toujours défendu l’idée que la règle du double frein allait conduire le gouvernement dans l’impasse budgétaire. A force d’avancer avec le frein à main, on finit dans le mur de l’austérité avec les conséquences que l’on connaît : récession, insuffisance d’investissements, et précarisation. Pour les Verts, la question d’un assouplissement du double frein devra absolument être réexaminée dans le cadre des prochains budgets.

Pour ce qui est du budget 2015, les Verts ont combattu les mesures d’économies lors des débats au Parlement au motif que la balance penchait trop en faveur des mesures d’économies par rapport aux propositions de nouvelles recettes. Les référendaires qui attaquent ce décret s’opposent à toutes nouvelles recettes et demandent que l’on entreprenne de nouvelles mesures d’économies. Aujourd’hui, les Verts disent – à contre-cœur – OUI à ce décret car s’il devait être refusé, cela priverait les finances publiques de 26 millions, synonymes de nouvelles restrictions budgétaires alors que les mesures d’économies posent déjà de gros problèmes, principalement dans le domaine social et sanitaire.

Non à l’initiative « Chaque voix compte », afin que réellement chaque voix compte

En 2009, lorsque l’initiative « chaque voix compte » a été lancée, les Verts se sont ralliés au comité d’initiative essentiellement pour faire avancer le dossier de la réforme du système électoral alors en vigueur qui était – à juste titre – considéré comme inéquitable. Cette démarche était indispensable pour obliger le gouvernement à entreprendre cette réforme. Malgré le fait que cette initiative a été déposée avec succès en décembre 2010, le gouvernement a encore trainé des pieds et il a fallu finalement que le Comité d’initiative saisisse le Tribunal fédéral pour que notre plus haute instance judiciaire ordonne au canton du Valais de se mettre en règle.

Dans ce sens, les Verts estiment que l’objectif premier que nous poursuivions – la réforme des institutions – a été atteint.

Les Verts ne soutiennent cependant plus l’« initiative chaque voix » compte car de notre point de vue celle-ci ne permet pas une prise en compte des suffrages exprimés en faveur des minorités politiques. L’initiative se limite à proposer une modification de la Constitution avec un nouveau découpage géographique des circonscriptions électorales qui passeraient de 13 à 3. Pour les Verts, le véritable problème ne se situe pas dans la question du découpage des circonscriptions électorales, car en définitive avec le projet « chaque voix compte », la répartition des sièges ne changerait quasiment pas. En cela l’initiative se trompe de cible. Le véritable enjeu ne se situe pas tant dans la modification de l’article constitutionnel, mais plutôt dans la révision des articles de la loi sur les droits politiques. Pour les Verts, le cœur de la réforme de notre système électoral doit être la question de la place que nous entendons réserver à la diversité politique dans ce canton. Si l’on veut réellement que chaque voix compte, il est impératif de supprimer, voir diminuer, le quorum électoral fixé aujourd’hui à 8%. Dans la plupart des cantons alémaniques, le quorum électoral n’existe pas et des cantons comme Fribourg ou le Jura l’ont aboli. Pour les Verts, la réforme du système électoral doit être présentée au peuple non par bouts et morceaux, mais de façon globale. Dans le cas d’espèce, pour que le peuple puisse voter en toute connaissance de cause, il aurait fallu présenter en même temps le nouvel article constitutionnel avec les nouvelles dispositions légales d’application. En ne le faisant pas, l’initiative « chaque voix compte » signifie en l’état (quorum à 8%) probablement la fin de la représentation des Verts au Parlement cantonal. En d’autre terme, en agrandissant les circonscriptions électorales, l’initiative pourrait péjorer la représentation des minorités au Grand Conseil. Pour cette raison, les Verts disent NON à l’initiative « chaque voix compte » qui porte bien mal son nom.

Jean-Pascal Fournier, président