Sans inscrire dans la loi des exigences claires et précises, on ne répondra pas à la stratégie énergétique 2050. Sans message clair pour la sortie du fossile, pour les assainissements des bâtiments les plus énergivores, pour le développement du potentiel solaire sur les infrastructures existantes et pour une sobriété énergétique, la loi ne répond pas aux défis qui nous attendent. Il y aura toutefois une deuxième lecture, car la majorité des deux tiers nécessaires pour une seule lecture n’ayant pas été atteinte.

Voici la prise de parole de Nathalie Cretton pour le débat final (légèrement raccourci) :

Déjà lors de l’entrée en matière, le groupe des Vert·es avait émis beaucoup de réserves quant à cette loi peu ambitieuse et peu contraignante. Notre groupe l’avait martelé à maintes reprises : nous devons trouver un équilibre entre incitations et contraintes si nous voulons répondre aux enjeux énergétiques et climatiques. Nous devons faire preuve de courage et passer à l’acte sans délai. Les amendements que nous avons déposés visaient à rendre une loi cohérente avec les objectifs annoncés par le Conseil d’État dans le rapport « Le Valais, Terre d’énergies – Ensemble vers un approvisionnement 100% renouvelable et indigène » et dans le projet de la loi pour le climat.

Nous souhaitions inscrire dans la loi, notamment :

  • des objectifs chiffrés,
  • qu’une chaudière fossile ne puisse pas être remplacée par une chaudière fossile,
  • que les bâtiments les plus énergivores soient assainis dans les 10 ans,
  • que les climatisations des bâtiments d’habitations soient alimentées seulement par des énergies renouvelables,
  • d’utiliser le potentiel de l’énergie solaire pour des bâtiments dont la toiture est supérieure à 300 m2 ainsi que pour des parkings extérieurs,
  • que la fin des chauffages électriques centralisés soit fixée à 2035.

Nous regrettons le refus de ces amendements. Ce seraient des exigences, certes contraignantes, mais si nous voulons répondre aux objectifs qui nous attendent nous devons emprunter ce chemin. On ne peut pas se satisfaire de 400 chauffages fossiles remplacés par année, on ne peut pas garder des chauffages électriques consommant 12 à 15% de l’électricité globale et un parc immobilier extrêmement énergivore ! On ne peut pas faire fi du potentiel solaire sur les infrastructures existantes ! Sans inscrire dans la loi des exigences claires et précises on ne répondra pas à la stratégie énergétique 2050 !

Nous tenons malgré tout à relever quelques menues satisfactions à savoir :

  • que les communes devront réaliser dans les 5 ans leur planification énergétique,
  • que l’utilisation des enseignes lumineuses extérieures ainsi que les éclairages nocturnes des bâtiments non résidentiels seront limités durant la nuit,
  • que les bains bouillonnants et saunas seront soumis à des exigences légales,
  • que dans les nouvelles constructions et agrandissements, il sera interdit d’installer des chauffages à énergie fossile sauf dérogation – ces nouveaux bâtiments devront produire une part de l’électricité qui y sera consommée mais toujours avec des dérogations possibles,
  • qu’en cas de dépose de la couverture de toiture, les bâtiments devront être équipés pour produire une part d’électricité qui y sera consommée avec certaines dérogations,
  • que des prescriptions plus exigeantes pour l’État en matière d’énergie pour ses infrastructures, son parc automobile et ses appareils électriques seront exigées.

Force est de constater que ces quelques points d’amélioration, ne rendront pas cette loi responsable vis-à-vis des défis qui nous attendent. Elle aurait dû en particulier valoriser plus la sobriété, promouvoir l’efficience énergétique, supprimer rapidement le recours aux énergies fossiles et développer le solaire sur les infrastructures existantes, or nous ne sentons pas une réelle volonté politique pour y parvenir !

En conclusion : la loi présentée n’est pas à la hauteur des enjeux énergétiques et climatiques. Même le Conseiller d’État, M. Roberto Schmidt annonçait que sans mesures contraignantes nous n’atteindrions pas les objectifs de la stratégie énergétique 2050. Le groupe des Vert·e·s ne peut accepter une loi qui manque d’ambitions. Sans message clair pour la sortie du fossile, pour les assainissements des bâtiments les plus énergivores, pour le développement du potentiel solaire sur les infrastructures existantes et pour une sobriété énergétique, notre groupe se voit dans l’obligation de refuser cette loi sur l’énergie !