Copenhague s’est focalisé sur les changements climatiques et les mesures à prendre pour y remédier. Le consensus s’est arrêté au constat de la gravité du réchauffement et de la nécessité de diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Les mesures proposées (baisse des GES de 14 à 18% d’ici 2020) ne sont pas à la hauteur du constat établi par le GIEC (recommandation de diminuer les GES de 25 à 40% d’ici 2020), les engagements ne sont pas contraignants (« de fortes réductions des émissions sont nécessaires… dès que possible ») et les sommes promises pour les pays en développement (100 milliards de dollars par an) sont insuffisantes (100 milliards, c’est le montant annuel de l’aide publique au développement alors que les pays bénéficiaires doivent payer chaque année 190 milliards comme service de la dette!) et aléatoires (elles doivent provenir « d’un grand nombre de sources », dont 30 milliards des pays développés). Cette somme devrait servir au développement de technologies à faible teneur de carbone et à des mesures d’adaptation aux changements climatiques.

L’Accord de Copenhague ne s’est pas focalisé sur les causes réelles des changements climatiques, il n’a pas remis en cause le mythe de la croissance et sa mesure erronée qu’est le PIB. En effet, la croissance actuelle n’est pas en faveur des populations mais à leur dépens, elle profite à une minorité toujours plus riche.

En 1870, les 20% des pays les plus riches avaient un revenu par habitant 11 fois supérieur à celui des 20% les plus pauvres. En 1960 ce revenu était 38 fois supérieur, en 1997 74 fois supérieur, en 2004 plus de 100 fois supérieur. Ce fossé s’élargit entre les pays et à l’intérieur des pays. Elle est source d’insécurité ou de réchauffement des tensions tant au niveau local, régional qu’international.

Le PIB ne considère que des « valeurs ajoutées », que des sommes positives. Il oublie par là que « la production est aussi destruction de ressources naturelles et humaines ». Il suffit de prendre quelques exemples.

  • Certains habits vendus en Suisse sont en coton produit au Kazakhstan, filé en Turquie, tissé à Taïwan, imprimé en France et importé en Suisse.
  • Le porc vendu sur les marchés des Etats-Unis est produit au Mexique par une transnationale américaine, nourri avec des déchets d’élevage de poulets et du maïs OGM provenant du Canada et des Etats-Unis avec en prime (comme effet collatéral ou comme externalité) le virus porcin A (H1N1). mexicain.
  • La viande de bœuf de premier choix vendu aux Etats-Unis est produite également au Honduras sur les meilleures terres agricoles par des grands éleveurs qui ont expulsé les populations locales sur les versants des montagnes, les condamnant à brûler la forêt pour produire leurs cultures vivrières. La dégradation de l’environnement les appauvrit et pousse à émigrer vers les villes où ils bénéficieront de « l’aide alimentaire nord-américaine ». Cette même aide provoque la chute des prix du maïs et l’appauvrissement des petits et moyens producteurs honduriens.

Cet exemple explique que le nombre de malnutris dans le monde atteint aujourd’hui le milliard d’habitants, dont la plupart sont des petits paysans!

Les solutions de l’Accord de Copenhague qui comprennent aussi le marché des droits de polluer (les Etats-Unis pourront acheter des droits aux Honduriens pour financer leur reboisement, à un moindre coût) et une technologie moins gourmande en énergie (les transports des aliments pour les porcs mexicains et des porcs eux-mêmes auront un meilleur écobilan!) ne s’attaquent nullement aux causes premières.

De plus, les pays développés ne sont pas prêts à transférer leur technologie pour aider les pays en développement à diminuer leurs émissions, concurrence oblige !

De ce point de vue, l’accord de Copenhague sur le réchauffement du climat souffre des mêmes erreurs que les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Alors que les membres de l’ONU s’étaient engagés en 1974 à éradiquer la pauvreté dans le monde en l’an 2000, les OMD, adoptés en 2000, visent une réduction de moitié de la pauvreté et de la malnutrition en 2015 sans remettre en cause les mécanismes qui causent la pauvreté et la malnutrition!

L’organisation mondiale du commerce (OMC) est le fer de lance de la mondialisation libérale. Mike Moore, ancien directeur général de l’OMC, disait que « la pauvreté est l’ennemi réel de l’environnement » et qu’il suffit « de bannir la pauvreté et le protectionnisme », pour que « les gens [aient] la richesse, les moyens et le savoir-faire technique pour nettoyer leur environnement ».

Copenhague n’a pas apporté de réponse satisfaisante aux changements climatiques car elle ne le pouvait pas. Les Nations unies ne peuvent apporter de réponses satisfaisantes aux problèmes de la malnutrition, de la pauvreté, de la violence, de la dégradation de l’environnement, car elles ne le peuvent pas sans réformer l’OMC, sans remettre en cause la mondialisation néolibérale, la prise de pouvoir des transnationales y compris financières.

Les solutions à la dégradation des environnements tant physique, économique, social, que culturel passent par une remise en cause politique des mythes que sont la croissance et le développement sans quoi toute mesure ne sera que symptomatique.

Grégoire Raboud, Président des Verts valaisans