La raison de ces transports sur d’énormes distances tient à la spécialisation croissante des exploitations et à la centralisation des abattoirs découlant de la politique agricole européenne. Naissance, élevage, engraissement et abattage des animaux ont lieu là où ils coûtent le moins. Les animaux de boucherie sont donc transportés vers l’abattoir promettant le bénéfice le plus substantiel.

La fin de l’exception suisse ?

Jusqu’à aujourd’hui, aucun transport d’animaux de boucherie n’avait l’autorisation de transiter par la Suisse. Actuellement, il est projeté de supprimer en catimini cette interdiction par le biais de la révision de l’Ordonnance concernant l’importation, le transit et l’exportation d’animaux et de produits animaux (OITE). Les Verts s’opposent fermement à la levée de cette interdiction. Le transport international d’animaux de boucherie est absurde et irresponsable principalement pour deux raisons.

Des transports cruels, inutiles ….

Des animaux vivant sont charriés dans de gigantesques camions à travers toute l’Europe pour, s’ils survivent à l’éreintant voyage, terminer leur vie dans un abattoir. Les mauvais traitements résultant de tels transports sont en totale contradiction avec la loi suisse sur la protection des animaux qui prévoit des limites temporelles claires pour le transport du lieu de l’engraissement à l’abattoir le plus proche. Les transports internationaux d’animaux vivants sont d’autant plus absurdes que le transport de viande et de produits carnés est aujourd’hui possible dans des camions frigorifiques.

… et non écologiques !

Il est aujourd’hui coutumier de faire circuler les marchandises à travers toute l’Europe. Le transport d’animaux d’un pays à un autre, souvent fort éloignés, n’échappe pas à cette règle aberrante, dommageable aux animaux et à l’environnement. Encore plus de routes, de pollution de l’air et de bruit sont les conséquences de cette politique économique et commerciale irréfléchie. La Suisse ne doit plus participer à cette stupidité. Il faut au contraire renforcer les cycles économiques régionaux et favoriser une production respectueuse des animaux et proche du consommateur. C’est ce que font d’une certaine manière les promoteurs de la fête du goût qui bat son plein actuellement. Le succès croissant rencontré par cette manifestation démontre que le citoyen-consommateur est sensible à une consommation de qualité, respectueuse des produits et des producteurs d’un bout à l’autre de la chaîne de production. Espérons que le Conseil fédéral goûtera de ce message !

Jean-Pascal Fournier, Conseiller communal, Sion