Cela fait plusieurs décennies que le problème de la grave pollution au mercure causé par la LONZA est connu. Il a fait l’objet de nombreuses publications et reportages remontant souvent à plusieurs dizaines d’années. Et pourtant, ce n’est que dans un communiqué de presse du 23 janvier 2014(1) , sous la pression médiatique, que LONZA annonce finalement qu’elle s’engage à préfinancer les mesures nécessaires à l’identification des zones polluées entre Viège et Niedergesteln et à l’évaluation de leurs impacts environnementaux. LONZA s’engage aussi à préfinancer l’assainissement des parcelles les plus polluées dans un périmètre défini de la zone d’habitation de Turtig, sans reconnaissance de responsabilité.

Pour les Verts, cette attitude est inacceptable. On ne joue pas avec la santé des gens. Cela fait déjà de nombreuses années que LONZA aurait dû prendre des mesures d’assainissement. Plutôt que de chercher des arguties juridiques, LONZA ferait mieux de s’inspirer de l’attitude adoptée par les entreprises Cimo, BASF et Syngenta qui ont rapidement signé un accord avec l’Etat du Valais en acceptant de prendre en charge les frais d’assainissement de la décharge de Pont-Rouge à Monthey pour un montant total estimé de 120 millions (2).

La LONZA doit jouer la carte de la transparence

La plus grande incertitude règne sur la quantité de mercure déversée dans la nature par LONZA et, plus inquiétant encore, sur la quantité de mercure encore présente dans le canal et les sols voisins. Les estimations étatiques faisaient état jusqu’à présent de 28 tonnes, alors que selon les révélations de l’association suisse des médecins en faveur de l’environnement (MfE), ce chiffre pourrait osciller entre 200 et 250 tonnes (3). Le professeur de géologie Walter Wildi de l’institut FOREL confirme que les chiffres avancés par MfE sont certainement plus proches de la réalité (4). Ces incertitudes doivent être levées au plus vite. Pour cela, LONZA doit immédiatement ouvrir les portes de ses archives pour faire toute la lumière sur les quantités de mercure déversées dans la nature. Les Verts demandent également d’étendre les investigations afin de s’assurer que d’autres polluants n’ont pas suivi le même chemin que le mercure.

Des expertises indépendantes pour garantir la confiance de la population

Pour garantir la confiance de la population, les Verts demandent des expertises indépendantes, l’une pour accompagner le processus d’assainissement, l’autre dans le domaine de la santé publique afin d’identifier d’éventuels atteintes à la santé. La situation est suffisamment grave pour qu’aucun doute ne plane et que la population puisse avoir entièrement confiance sur le fait que tout aura été entrepris dans les règles de l’art pour l’assainissement des parcelles concernées. Dans tous les cas de figure, le chantage à l’emploi et à la délocalisation ne doit pas l’emporter sur les mesures d’assainissement.

La décharge de Gamsenried est une bombe à retardement qui doit être assainie très rapidement

Les Verts s’inquiètent par ailleurs de l’état de l’immense décharge de Gamsenried, une véritable bombe à retardement, dont l’assainissement n’a pas encore débuté. Depuis 1923, LONZA gère une décharge qui s’étend sur plus de 200’000 mètres carrés sur lesquels aurait été déposé quelque 1.5 millions de m3 de déchets. A titre de comparaison, la décharge de Pont-Rouge à Monthey s’étend sur 30’000 m2 et l’assainissement porte sur 120’000 m3. Selon les déclarations de la LONZA, il s’agissait au début uniquement de chaux hydratée, mais depuis 1972 de déchets chimiques également. En 1978, des hydrologistes de l’Office cantonal pour la protection de l’environnement ont détecté dans la nappe phréatique polluée des résidus de plus de 50 matières organiques ainsi que des traces d’ammonium, de chlore, de sulfate mais aussi de phénol et d’aniline (5) . Personne ne sait aujourd’hui exactement ce que contient cette décharge. En 1987, il a été constaté que des polluants provenant de la décharge nuisaient à la qualité de la nappe souterraine. Depuis 1990, l’eau souterraine polluée est pompée de la nappe se trouvant sous la décharge et acheminée à la STEP de la LONZA. Or, selon les conclusions de l’hydrogéologue Raphaël Kropf, il s’avère qu’une grande partie des polluants se trouve déjà dans la partie inférieure de la décharge (6).

A ce jour, l’assainissement de la décharge de la LONZA n’a toujours pas fait l’objet d’un accord d’assainissement. A ce rythme, il faudra encore attendre de nombreuses années pour que LONZA se décide enfin à régler le problème de sa décharge toxique qui fait peser une grave menace sur la santé de population concernée. Les Verts interpellent donc le Conseil d’Etat afin qu’il ordonne au plus vite les mesures d’assainissement qui s’imposent afin d’éviter ce qui pourrait bien devenir une véritable catastrophe écologique.

Plus de moyens au Service cantonal de protection de l’environnement (SPE)

Il n’y a pas de miracle. Il faut non seulement s’occuper de l’assainissement des sites pollués – il y en a 1’148, dont 999 n’ont pas encore fait l’objet d’investigations (7) – mais il faut aussi s’occuper du contrôle des entreprises afin d’éviter de laisser d’encombrants héritages aux générations futures. Pour accomplir ces missions, les Verts demandent que les moyens du SPE soient renforcés.

Jean-Pascal Fournier, président

(1) http://www.vs.ch/Press/DS_3/CO-2014-01-23-21746/fr/mercure.pdf

(2) http://www.cimo.ch/media/cimo/documents/communication/assainissement-f.pdf

(3) http://www.aefu.ch/fileadmin/userupload/aefu-data/bdocuments/Aktuell/M140129quecksilberlonzavisp_f.pdf

(4) http://www.rts.ch/info/regions/valais/5569620-la-pollution-au-mercure-en-valais-serait-plus-grave-qu-annonce.html

(5) Alusuisse, 1888-1988, une histoire coloniale en Valais et dans le monde, p. 245

(6) Bulletin d’hydrogéologie no 21, 2005, publié par le Centre d’hydrogéologie de l’Université de Neuchâtel

(7) Cadastre des sites pollués : http://www.vs.ch/Navig/navig.asp?MenuID=8068&Language=fr