De plus en plus, des permis d’exportation vers des régions en crise ou en conflit sont octroyés. Entre 2001 et 2004, plus d’un quart de toutes les armes exportées de Suisse l’ont été vers des pays participant à la prétendue « Guerre contre la terreur ». Le relâchement de la pratique en matière d’exportation est aussi évident quantitativement : depuis 1998, les exportations d’armes se sont accrues de 81%.

De juteux profits

L’année dernière les exportations de matériel de guerre suisse ont atteint leur plus haut niveau depuis 1989. Grâce à l’exportation d’armes pour un montant excédant 400 millions de francs, les entreprises suisses d’armement se sont assurées de juteux profits. Par exemple, l’an dernier la RUAG, propriété de l’Etat, a augmenté son chiffre d’affaires de 3%, et son bénéfice net de 12%.

Aide au développement ?

Les régimes autoritaires ont tendance à dépenser leurs ressources financières pour acheter des armes, au lieu de les investir dans la formation, la santé et les infrastructures. C’est ainsi qu’en 2004, le Botswana – pays où l’espérance de vie est à peine de 30 ans à cause du SIDA – a été le deuxième acheteur d’armes suisses. Inutile de dire que de telles exportations d’armes contreviennent directement aux buts de la politique de développement suisse. Des armes suisses sont constamment engagées dans des opérations militaires, tuant ainsi des personnes innocentes.

Une nouvelle initiative

Le 30 avril dernier, le groupe pour une Suisse sans armée, le GSsA, a décidé de lancer une nouvelle initiative pour interdire l’exportation de matériel de guerre.

Une précédente initiative, qui allait dans le même sens, a déjà été rejetée devant le peuple en 1997. L’argument de la sauvegarde des emplois avait notamment fait mouche dans une période où le taux de chômage était à son paroxysme. Cela avait notamment conduit certains syndicats à combattre l’interdiction de l’exportation du matériel de guerre. Espérons que cette fois-ci les syndicats ne se tromperont pas de cible.

L’industrie d’exportation d’armes occupe aujourd’hui encore 1’000 personnes environ et contribue à l’ensemble des exportations suisses à raison de 0,27%. Une interdiction totale des exportations d’armes serait donc aisément digérable sur le plan économique. C’est le prix à payer pour une politique cohérente en matière de paix et de droits humains.

La récolte de signatures commencera probablement à mi-juin ou au début juillet. A vos crayons !

Jean-Pascal Fournier, Conseiller communal, Sion