Urgence climatique : les Verts valaisans veulent des mesures concrètes et en appelle à la population pour influencer le débat politique
Sur le plan national, le rejet de la Loi sur le CO2 en décembre dernier montre que la majorité actuelle au Parlement fédéral n’a pas saisi l’importance des enjeux. En ce sens, le climat de demain se décidera lors des élections fédérales de l’automne prochain : 2019, année climatique ! La population doit se mobiliser pour influencer le débat politique. Les Verts invitent dès lors la population – toutes générations confondues – à rejoindre le mouvement et à manifester le 15 mars 2019 à Sion.
Un engagement de longue date
La sauvegarde de nos conditions de vie sur terre est au cœur de l’engagement politique des Verts. La lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité font partie de l’ADN même des Verts qui n’ont pas attendus, comme certaines formations politiques, de se retrouver à six mois des élections pour découvrir qu’il leur serait profitable d’inscrire cette préoccupation à l’agenda politique. Le climat ne se s’est jamais satisfait du green washing et ce ne sera pas du tout le cas dans un avenir très proche.
Seul un Parlement plus Vert peut protéger efficacement le climat
Les débats relatifs à la loi sur le CO2 l’ont à nouveau démontré : la majorité issue des élections 2015 a mené la Suisse dans une impasse : elle a vidé la loi sur le CO2 de sa substance, abandonnant de facto toute protection climatique en Suisse. Or, même le projet initial du Conseil fédéral était insuffisant pour réellement protéger le climat : les Verts avaient demandé – en vain – des mesures plus efficaces, telles qu’une taxe sur les billets d’avion ainsi que des objectifs de réduction des émissions de CO2 pour le secteur financier. A l’avenir, de telles mesures ne pourront être soutenues que par un Parlement plus Vert, comme en témoignent les votes très serrés qui ont eu lieu pendant le débat. Au Conseil des États maintenant de reprendre le travail à zéro, sur la base du projet tel que l’avait proposé initialement le Conseil fédéral. En 2019, en votant, la population posera donc des jalons pour une meilleure protection climatique. Le parti des Verts est clairement le parti qui défend le mieux tous les enjeux écologiques et en particulier le climat (cf. ecorating des partis politiques).
Effets du réchauffement climatique dans les Alpes
La Suisse possède depuis 1864 un réseau de stations de mesure météorologique réparties sur l’ensemble de son territoire, offrant de solides connaissances sur la situation climatique passée et présente. Les tendances montrent une hausse régulière des températures à toutes les saisons (surtout au printemps et en été), particulièrement marquée depuis les années 1980. L’année 2018 a été l’année la plus chaude du pays (avec un déficit pluviométrique extrême entre avril et novembre), suivie par 2011, 2015 et 2014.
Quelques chiffres évocateurs
L’environnement alpin subit les effets du réchauffement climatique de manière plus importante que les zones de basse altitude. L’évolution des températures depuis la fin du XIXème siècle montre une augmentation de près de 2 °C dans les Alpes, soit deux fois plus que la moyenne mondiale. Tous les paramètres étudiés montrent la même tendance au réchauffement. Trois exemples :
- Recul des glaciers. La Suisse a perdu plus d’un quart (27,7%) de la surface glacière entre 1973 et 2010. Cette fonte concerne aussi les sols gelés en permanence (pergélisol)
- Couverture neigeuse. À toutes les altitudes, la période durant laquelle le sol est recouvert de neige diminue. Aujourd’hui en montagne, la couverture neigeuse se forme en moyenne 12 jours plus tard en automne, puis fond 26 jours plus tôt au printemps par rapport à 1970.
- Durée d’englacement des lacs de montagne. À St-Moritz GR, le dégel survient en moyenne 10 jours plus tôt qu’en 1980.
Les scénarios confirment la tendance. Tous les modèles climatiques de MétéoSuisse prévoient que la hausse des températures va se poursuivre, entre +0,5 et +3,6 °C d’ici 2060. Les Alpes et le sud du pays seront les premiers concernés. La surface des glaciers en 2050 sera deux fois inférieure à celle de l’année 2000.
Augmentation des dangers naturels
La sécheresse augmente le risque d’incendies. La fonte du pergélisol présente elle aussi des risques majeurs, car elle provoque l’instabilité des versants et la recrudescence de mouvements de terrain :
- Chutes de pierres
- Glissements de terrain
- Coulées de boues / laves torrentielles
- Déformation des infrastructures
Impacts sur la biodiversité
Végétation de montagne :
Le réchauffement accélère la croissance de la végétation au printemps, prolonge la période de végétation et modifie la composition des essences. Actuellement, le sapin progresse car il s’accommode bien de conditions chaudes et sèches, alors que le hêtre et plus encore l’épicéa diminuent. Les sécheresses accélèrent la prolifération de parasites et le dépérissement du pin sylvestre. Après l’été 2003, 30% des pins dans la région de Viège avaient dépéris. Cela accroît le risque d’incendie de forêt.
Le déploiement des feuilles (débourrement), paramètre également étudié par MétéoSuisse depuis des décennies, montre une avancée très nette, surtout depuis les années 1980. Les noisetiers sont en fleurs dès mi-février déjà, soit 2 semaines plus tôt qu’au milieu du XXème siècle.
Oiseaux
Le réchauffement climatique ralentit le phénomène migratoire chez de nombreuses espèces d’oiseaux : les rougequeues noirs migrent en moyenne 10 jours plus tard qu’il y a 40 ans et un nombre croissant d’entre eux passe l’hiver en Suisse, tandis que les gobemouches noirs partent une semaine plus tard. De nombreuses espèces arrivent aussi plus tôt au printemps, comme la Rousserolle effarvatte, car les températures plus chaudes font avancer le pic d’abondance des insectes et les oiseaux doivent le faire coïncider avec l’élevage de leurs jeunes ; c’est donc adaptation pour mener à bien leur reproduction : arriver plus tôt pour pondre plus tôt.
Au printemps, de plus en plus d’espèces vivant sur le pourtour méditerranéen apparaissent en Suisse, et s’y reproduisent même. Inexistant il y a 30 ans, le guêpier d’Europe compte aujourd’hui une centaine de couples en Suisse, dont près de la moitié en Valais (cf. graphique).
Initiative sur les glaciers
- But : ancrer les objectifs de l’Accord de Paris dans la Constitution fédérale : « contenir d’ici à 2100 le réchauffement climatique bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels »
- Lancée par l’Association suisse pour la protection du climat
- Printemps 2019 : lancement de la récolte de signatures
Jérémy Savioz, député
Des propositions concrètes en Valais
Les mobilisations citoyennes et scientifiques de ces dernières semaines révèlent à tous la nécessité d’agir au niveau politique. Le temps des bilans est révolu, il faut maintenant passer de la parole aux actes dans nos parlements cantonaux et nationaux!
Bien des cantons romands ont maintenant mis le pied sur l’accélérateur pour passer à l’action. L’urgence climatique en Valais est palpable, les enjeux sécuritaires, économiques, énergétiques, agricoles, environnementaux, touristiques et financiers sont réels et considérables.
En novembre dernier, le groupe des Verts avait proposé au Bureau du Grand Conseil d’organiser une journée, voire une demi-journée, de session ordinaire consacrée à la thématique des changements climatiques. Cette proposition qui aurait permis d’agir ensemble a été sévèrement refusée par les chefs de groupe.
Tenant compte de ce refus mais résolument conscient des enjeux pour le Valais, le groupe des Verts persiste et fait 3 nouvelles propositions au parlement valaisan :
- L’élaboration d’un Plan Climat Valaisan.
- La réalisation d’un état des lieux et d’un plan de désinvestissement des énergies fossiles pour toutes les entités étatiques et paraétatiques, notamment la Banque Cantonale Valaisanne, les Forces Motrices Valaisannes et la Caisse de Pension de l’Etat du Valais ainsi que la BNS au niveau fédéral.
- La taxation des billets d’avion au profit des transports publics au niveau cantonal et fédéral.
1. Un Plan Climat Valaisan.
Le postulat sera développé à la session de mars, il demande au Conseil d’État d’établir un plan climat valaisan. Ce plan climat est à la fois un pré-requis à la mise en œuvre de l’Agenda 2030 adopté par le gouvernement, et une opportunité pour faire un grand pas en avant dans la concrétisation du programme gouvernemental. Rappelons que ce dernier mentionne la nécessité d’anticiper les conséquences des changements climatiques.
Le plan climat valaisan doit ainsi viser une atténuation et une adaptation aux effets du réchauffement climatique. Il est envisagé comme un instrument de coordination des politiques cantonales avec une approche transversale de la protection du climat.
2. Un état des lieux et un plan de désinvestissement des énergies fossiles.
La lutte contre le réchauffement climatique ne s’arrête pas à un plan climat, elle ne peut faire l’économie d’une remise en question des flux financiers. La finance durable est en plein essor et son développement est souhaité par la Confédération pour des raisons climatiques peut-être, mais surtout pour des questions de gestion des risques. Dans le secteur des finances durables, le rendement économique ne se fait pas au détriment des enjeux sociaux et environnementaux. En 2017 la Confédération constatait que les investissements des caisses de pension dans le secteur financier étaient encore trop peu respectueux du climat et rappelait que les investissements traditionnels accentuent le réchauffement. Tout récemment, le WWF a publié un rapport sur la durabilité dans les banques de détails suisses et révélait que peu de banques reconnaissent l’importance du critère de durabilité dans le choix des investissements.
Dans un souci d’exemplarité et de cohérence le canton et la confédération ne peuvent plus continuer à investir dans les énergies fossiles qui nuisent à la biodiversité et favorisent le réchauffement climatique. Pour ces raisons le groupe des Verts demandera un état des lieux des investissements dans les énergies fossiles au sein de la BCVs, des FMV et de la CPVAL ainsi que l’élaboration d’un plan de désinvestissement. Au niveau fédéral, il sera demandé à la BNS de renoncer à investir dans des entreprises qui causent de manière systématique de graves dommages à l’environnement.
3. Une taxe sur les billets d’avion au bénéfice des transports publics.
Enfin, le groupe des Verts souhaite se joindre aux démarches entreprises par le canton de Vaud pour demander à l’assemblée fédérale d’établir une taxe sur les billets d’avion. Même si cette taxe ne résoudra pas à elle seule le problème des émissions de gaz à effet de serre du secteur de l’aviation, elle rétablira néanmoins une inéquité sur la taxation des carburants puisque le kérosène n’est toujours pas taxé contrairement aux autres carburants. Il est également impératif d’agir à ce niveau puisque pour un même trajet dans le secteur européen, le transport aérien peut être 6 fois moins cher que le train mais émettre 30 fois plus de CO2. C’est une aberration et un non-sens écologique majeur. La taxation des billets sera également demandée pour les aéroports valaisans. Ces taxes sont à envisager au bénéfice des transport publics.
En conclusion, les Verts continuent de s’engager pour la protection du climat et invite les partenaires politiques à soutenir ces propositions le moment venu. Passer de la parole aux actes prend beaucoup de temps dans notre démocratie, il y a donc urgence à s’engager pour atteindre les objectifs annoncés au niveau cantonal et fédéral.
Le regard toujours tourné vers l’avenir les Verts envisagent également de demander la protection des nouveaux territoires dévoilés par les glaciers en recul…
Céline Dessimoz, Députée, Cheffe de groupe suppléante
Les jeunes Verts lancent un large appel à la société civile : mobilisons-nous et manifestons le 15 mars à Sion !
Vous l’aurez compris, aujourd’hui il y a urgence. Il est désormais du devoir de chaque citoyenne et citoyen de ne pas rester indifférent.e face à ce constat alarmant et ainsi d’adopter des comportements responsables. Faire preuve de responsabilité, tant à l’égard de notre planète que de ses habitant.e.s, passe inévitablement par des actions individuelles (soutien aux producteurs locaux, réduction des déchets, utilisation des transports en commun, etc.) mais également par une prise de conscience collective. Cet engagement collectif se trouve actuellement au coin de notre rue. Des milliers de personnes ont manifesté pour le climat le 2 février dans toute la Suisse, faisant suite à une grève des étudiant.e.s le 18 janvier, ayant également rassemblé quelques dizaines de milliers de personnes dans les rues helvétiques. Rappelons peut-être à certains détracteurs que manquer un cours au profit d’une manifestation pour le climat n’est pas une excuse pour sécher l’école mais un acte citoyen engagé, qui a fait naître différentes mesures concrètes proposées par des étudiant.e.s au sein de leur école. Ces prises de position fortes et déterminées sont à saluer, et non à décourager comme l’a fait l’État du Valais en menaçant les étudiant.e.s de sanctions. Car il en faudra de la détermination pour bousculer le système dans lequel nous avons trop longtemps évolué sans remise en question, profitant du bien-être qu’il nous fournit et fermant les yeux sur ses dérives.
Osons faire entendre notre voix, rejoignons ce bout de la rue où d’autres expriment déjà leur volonté d’adopter une réelle politique climatique, juste et efficace. L’échec de la loi sur le CO2 fut une énième preuve de l’incapacité de notre actuel Parlement à prendre de véritables mesures en faveur de l’environnement. Montrons à ce Parlement qu’il ne se comporte pas de façon responsable, et que nous, citoyennes et citoyens, sommes conscient.e.s des enjeux climatiques et prêt.e.s à agir en conséquence. Le 15 mars, retournons dans les rues exprimer cette indignation à l’égard des politiques n’osant agir sur le terrain climatique, retournons exprimer notre espoir de vivre un changement, une transition, vers une société davantage respectueuse de notre environnement qu’assoiffée de profit. Le mouvement apolitique organisateur des manifestations et grèves pour le climat a également prévu une grève en Valais le 15 mars. N’hésitons plus, prenons notre futur en main et faisons entendre une voix sincère et déterminée, une voix inquiète mais porteuse d’espoir, la voix d’aujourd’hui pour le monde de demain. Jeunes et moins jeunes, femmes, hommes, étudiant.e.s, apprenti.e.s, salarié.e.s, militant.e.s suisses ou d’origine étrangère, l’appel pour le climat nous concerne toutes et tous. Répondons à cette biodiversité en déclin, à cette nature malmenée par les activités humaines, qui, dans un râle d’agonie, tentent de nous convaincre de l’urgence d’agir et engageons-nous dès aujourd’hui pour le climat. Rendez-vous le 15 mars dans les rues sédunoises !
Pour les Jeunes vert-e-s Valais,
Florent Morisod, co-président