DEMI-SUPRISE ET MANQUE D’ANTICIPATION AUX EFFETS CATASTROPHIQUES

Depuis quelques années Tamoil a fait l’objet de nombreuses critiques en particulier pour ses résistances à respecter les normes environnementales et ses retards dans les assainissements. Les Verts valaisans sont d’ailleurs intervenus à plusieurs reprises au Grand Conseil valaisans sur ce sujet [1].

Au mois de janvier 2015, la raffinerie Tamoil à Collombey annonçait l’arrêt du raffinage et le licenciement de la grande majorité de ses collaborateurs. L’annonce subite en a surpris plus d’un dans le Chablais, même si celle-ci s’inscrit pourtant dans une tendance européenne qui a vu ses dernières années un grand nombre de raffineries fermer leurs portes. Pour le site de Collombey, la chute des prix du pétrole a signé son arrêt de mort – provisoire ou définitif -, la question est encore entrouverte. Mais une chose est sûre : en aucune manière la facture doit être payée par les contribuables valaisans et vaudois !

 

TAMOIL DOIT ASSSUMER SES RESPONSABILITES SOCIALES ET ENVIRONNEMENTALES

Les Verts sont particulièrement choqués par le manque de responsabilité sociale et environnementale d’une entreprise qui a réalisé durant des décennies d’importants profits sur le site chablaisien. Ils déplorent l’attitude coupable de TAMOIL vis-à-vis de ses employés, l’environnement et la santé des habitants du Chablais. Cela démontre – si besoin était – l’importance pour les autorités de faire respecter les normes environnementales afin d’éviter qu’un tel gâchis ne se reproduise. De l’avis des verts, la trop longue inaction des élus locaux et cantonaux, d’aujourd’hui et d’autrefois, fait que leur responsabilité politique est engagée dans ce qu’il convient d’appeler un désastre.

Actuellement l’avenir du site industriel pétrolier à Collombey est incertain. Deux hypothèses sont évoquées. La première, le Rachat de la raffinerie par un tiers. Ce serait une bonne nouvelle pour l’emploi, mais le cas ne serait pas pour autant réglé sous l’angle environnemental. Pour les Verts, cette reprise ne saurait se faire sur le dos de l’environnement et l’Etat du Valais ne doit pas transiger sur ce point vis-à-vis d’un éventuel repreneur.

La deuxième hypothèse concerne une cessation temporaire ou définitive de l’activité de la raffinerie. La cessation temporaire de l’activité serait, certes, un moindre mal pour l’emploi. Elle pose toutefois la question de la sécurité de l’entreprise, vu le peu de personnes censées rester sur le site, ainsi que celle de la poursuite de la mise en œuvre des mesures d’assainissement qui ne sauraient connaître de répit. En cas d’interruption définitive de l’activité, il semble assez clair que la décontamination des sols pollués incombera à Tamoil en vertu du principe pollueur-payeur inscrit dans la Loi fédérale sur la protection de l’environnement. La question de la déconstruction des installations d’exploitation sera, elle, beaucoup plus difficile vu l’absence de base légale. On ne peut que regretter le rejet en date du 28 septembre 2013 d’une motion – tardive – qui aurait permis d’exiger la création d’un fond pour financer le démantèlement et la déconstruction d’une installation industrielle pétrolière. Les élus, UDC et PLR, qui n’ont malheureusement pas soutenu cette démarche, suggèrent aujourd’hui diverses pistes plus ou moins fantaisistes.

En cas de fermeture définitive, les Verts sont convaincus qu’un démantèlement effectué dans les règles de l’art contribuerait à revaloriser ce site en augmentant son attractivité, de même que celle de « Chablais agglo » et pourrait générer de nombreux nouveaux emplois. Des exemples de ce type existe en Europe [2].

 

QUELQUES QUESTIONS DES VERTS VALAISANS ET VAUDOIS POUR LEUR CONSEIL D’ETAT RESPECTIF

L’entreprise est domiciliée sur territoire valaisan (Commune de Collombey) mais le Canton de Vaud est concerné par la surface de 50 ha dévolue au stockage des produits finis et de certains adjuvants et par la gare de chargement. De plus l’air et l’eau ne connaissant pas les frontières, les nuisances et les risques de pollution ne restent pas confinés outre-Rhône mais affectent tous les Chablaisiens.

La perspective d’une fermeture de même que la durée indéterminée de la période de « mise en veille » des installations soulèvent de nombreuses interrogations. Lors de la prochaine session du Grand Conseil, les Verts valaisans et vaudois interpelleront leur Conseil d’Etat en posant les questions suivantes :

  • Quelles sont les démarches actuellement entreprises par le Canton de Vaud suite à l’annonce de cessation d’activité de la raffinerie Tamoil ? 
  • La raffinerie continue à fonctionner durant la recherche d’un repreneur et les discussions en vue d’un plan social. Le Canton peut-il encore garantir que la sécurité des travailleurs et de l’environnement sur le site de l’usine soit assurée alors que le nombre de collaborateurs va diminuer drastiquement dans les semaines et les mois à venir (départ de collaborateurs et maladie) ?
  • Le Conseil d’Etat participe aux recherches d’un éventuel repreneur. Peut-il nous assurer qu’il n’y aura aucune close qui péjorerait l’environnement et donc la santé des habitants du Chablais en cas de poursuite de l’exploitation du site ? Saura-t-il être intransigeant sur le maintien des délais fixés dans les plans d’assainissements (air et eau) ?
  • Comment le Conseil d’Etat peut-t-il assurer à long terme la qualité de l’eau dans la plaine du Rhône en cas d’arrêt ou de mise en veille temporaire de l’exploitation ?
  • Le risque que le site ne devienne une friche industrielle « en perdition » est non négligeable (cf. Cremone en Italie). Peut-il informer le Grand Conseil sur les mesures exigées de Tamoil en matière de maintenance et de poursuite des assainissements en cas d’arrêt définitif de l’exploitation ?
  • Le Canton peut-il à ce stade obtenir des garanties financières pour anticiper un assainissement et un démantèlement du site en cas d’arrêt définitif ?
  • Quel sont les voies légales pour contraindre la société Tamoil de vendre le site pour remplacer cette verrue dans le Chablais et mettre en valeur le potentiel industriel par des emplois de qualité et à plus forte valeur ajoutée ?

 

Pour les Verts vs

Jean-Pascal Fournier, président

[1] http://www.verts-vs.ch/nos_interventions/show/12 et http://www.verts-vs.ch/nos_interventions/show/93 

[2] ex-raffinerie Petroplus de Reichstett (Bas-Rhin), arrêtée depuis 2011, dont la reconversion a été confiée à la société Brownfields