Sion doit relever le défi des grandes infrastructures régionales avec le canton
La santé financière de la Ville de Sion est excellente : nous n’avons plus de dettes, mais une fortune nette par habitant. Il n’y a cependant là rien d’extraordinaire. Ces dix dernières années, toutes les collectivités publiques suisses ont profité d’une conjoncture économique sans nuage pour assainir leurs comptes.
L’état de santé d’une ville ne se mesure pas uniquement à l’état de ses comptes. Il suffit de passer en revue quelques grands chantiers sédunois pour constater le retard accumulé par la Ville en termes d’infrastructures et de développement régional. Sur le plan culturel, le théâtre de Valère ne répond plus aux besoins des arts de la scène. Le coût de la construction d’un nouveau théâtre devrait avoisiner les 25 millions, ce qui engendrera des coûts annuels de fonctionnement d’environ 2 millions pour ce seul lieu. Notre bibliothèque municipale est très à l’étroit, sans compter la bibliothèque des jeunes et la ludothèque. Il s’agira de se prononcer soit sur un rapprochement avec la médiathèque cantonale soit sur la construction d’un nouveau bâtiment. Dans ce dernier cas de figure, il s’agira à coup sur de plusieurs millions qui devront être déboursés. Sur le plan scolaire, certains bâtiments ont été totalement négligés. La facture de la réfection de l’école primaire des collines se montera ainsi à plusieurs millions. Ce devrait être l’occasion pour y intégrer une unité d’accueil pour la petite enfance (UAPE) qui fait cruellement défaut dans le quartier. Sur ce dernier point, à l’heure où ARMOS vient d’entrer en vigueur, il s’agira d’étendre la réflexion sur la prise en charge des enfants en dehors du temps scolaire. Avec les montants investis à Champsec, la Pouponnière ne devrait pas regagner le Conservatoire, ce qui ferait de cette dernière institution une véritable Maison de la Musique. Une solution devra toutefois être trouvée au Centre Ville pour remplacer la Pouponnière. Le centre scolaire de Châteauneuf est à l’étroit et une extension est inéluctable. Le Centre scolaire de Gravelone manque d’une salle de gymnastique et l’aula de la Planta ne répond plus au besoin des établissements scolaires du nord de la Ville. Sur le plan du développement économique, la construction d’une halle polyvalente fait quasiment l’unanimité (10 millions). Il n’en va pas de même de son implantation dans le domaine des îles. Pour l’alliance de gauche, la Municipalité devrait avoir le courage de changer d’avis en choisissant comme nouvelle implantation le terrain Profuit, dont elle est aujourd’hui l’heureuse propriétaire. Elle disposerait ainsi d’une halle multifonctionnelle à proximité de la gare, ce qui facilitera grandement son exploitation dans le futur. La Ville envisage aussi la construction d’un Centre technologique de développement des plantes et des cellules végétales (PhytoArk) (15 millions). Dans le domaine de la mobilité, tout est à réinventer tant la situation est insatisfaisante. La réalisation d’un véritable réseau de pistes cyclables coûtera au bas mot 2 millions. C’est un minimum pour allier sécurité, santé et rapidité dans nos déplacements. Nous soutenons à cet égard la création d’un poste de délégué à la mobilité qui permettra à la Ville de penser mieux sa mobilité.
Aujourd’hui, la crise économique est à notre porte. Le comptable incitera à la prudence. C’est son rôle. Mais le politique – fort d’une vision qui permet une planification des besoins sur le long terme – devra faire preuve de courage en osant réaliser les nombreuses infrastructures qui lui manquent. C’est de la responsabilité des collectivités publiques d’investir en temps de crise.
Jean-Pascal Fournier, Conseiller communal, Sion